Assurer une veille citoyenne des médias, dans les régions de Kayes, Sikasso, Mopti et du district de Bamako : c’est le défi que s’est donné le projet Benkunafoni, qui réunissait fin août acteurs de la société civile et représentants des médias à la Maison de la Presse.
Audience attentive et participation active : pour préparer les acteurs de ce projet à exercer une « veille citoyenne », les organisateurs avaient réuni 20 personnes dans une salle de formation de la Maison de la Presse. Parmi eux : 6 membres de chacune des 3 régions concernées, et 2 membres de l’Association des Blogueurs du Mali (ABM) et de Doniblog). « L’objectif est atteint », a soutenu Mahamadou Talata Maiga, formateur. Il s’agissait pour lui de regrouper les différents membres des comités de veille citoyenne pour « un renforcement de compétences en termes de connaissance des médias et de protection des journalistes, et leur permettre de jouer un rôle d’alertes critiques concernant les productions médiatiques ».
La veille citoyenne, pour Mahamadou Talata Maiga, consiste à assurer un monitoring des médias pour aider les populations à accéder à une information de qualité, mais aussi à appuyer et accompagner les producteurs d’information en étant conscient de leurs besoins et des règles de leur métier; et dans tous les cas, il s’agit de diffuser une éducation aux médias qui fait partie intégrante de l’éducation citoyenne.
Concernant les comités de veille citoyenne, le formateur, estime qu’ils peuvent servir de « groupes d’alerte concernant les violations, l’éthique et la déontologie ». Ils peuvent aussi servir de médiateurs entre les producteurs et les consommateurs d’information et assurer auprès du large public l’éducation citoyenne et l’éducation aux médias. Plus ambitieux, mais intéressant à envisager, ils peuvent aussi apporter un appui au régulateur des médias, en l’occurrence la Haute Autorité de la Communication (HAC), dans les localités du Mali où elle n’est pas présente.
Ce projet, pour Hassana Yalcouyé, coordinateur technique du projet Medias citoyens pour la paix et le vivre ensemble – Ben Kunafoni, a pour but d’ensemble « de promouvoir la paix et le vivre ensemble au Mali à travers l’engagement citoyen de la société civile et la professionnalisation des médias ». Et d’ajouter : « on attend notamment d’eux une surveillance des médias et des alertes sur les écarts en termes d’informations ».
Issa Bathily, journaliste et membre du comité de veille de Kayes, abonde dans le même sens. Il rappelle qu’au surplus ce qu’on appelle « l’autorégulation » des médias n’est plus assurée, comme naguère par l’Observatoire pour la déontologie et éthique de la presse (ODEP). Le comité de veille, qui réunit journalistes et autres acteurs de la société civile peut, même modestement, reprendre ce rôle à son compte dans les localités concernées (Kayes, Sikasso et Mopti).
Quant à Sambourou Bocoum, membre du comité de veille de Mopti, il estime qu’un tel comité de veille pourrait permettre de voir advenir la « vraie version de la bonne information », et appuyer de meilleures pratiques dans une région comme la sienne en proie à l’insécurité depuis une décennie. « Le comité de veille citoyenne peut contribuer à ramener la paix à travers la sensibilisation des populations, des hommes de média et de culture » conclut-il.
Oumar SANKARE
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