Des engrais pour la campagne agricole

La campagne agricole 2023-2024 bat son plein, mais comme les années passées les agriculteurs s’inquiètent de la mise à disposition, à temps, d’engrais subventionnés. Exemple de Koutiala et des cotonculteurs.

Les semences ont germé ici, ailleurs des labours sont en cours. Mais partout les agriculteurs s’inquiètent de l’intransigeance des fournisseurs d’engrais qui refusent de livrer l’engrais subventionné par l’État, avant d’avoir perçu la totalité de leurs arriérés de paiement.

Avec des factures en souffrance depuis 3 ans, les fournisseurs de la région de Koutiala ont stoppé leurs livraisons aux paysans. Un de ces négociants, Mohamed Sidibé, confirme que le gouvernement na pas honoré ses dettes depuis 3 années consécutives : « Durant toutes ces années, les fournisseurs ont travaillé avec l’argent de la banque afin de livrer les engrais aux paysans. Mais, comme tu peux le constater, nous sommes toujours en attente de notre argent.
Cette situation a provoqué un véritable conflit entre les fournisseurs et les différentes banques. Certaines d’entre elles ont même déjà saisi les biens de débiteurs… le gouvernement avait décidé de payer la moitié de ce qu’il devait aux fournisseurs, mais les mandats n’ont pas encore été honorés. » Et ce qui inquiète encore davantage la profession, selon M. Sidibé, c’est que certains fournisseurs ont reçu leurs mandats depuis le début de cette année, mais n’ont toujours pas été payés. « Nous savons tous que le pays traverse des moments difficiles, mais 3 années, c’est trop long. Le gouvernement doit réagir rapidement pour rattraper le temps perdu », conclut-il.

Interrogé sur le sujet, Sékou Coulibaly, président de la chambre d’agriculture de Koutiala, explique que c’est le ministère de l’Agriculture, par le biais de sa Direction nationale, qui accorde la subvention aux fournisseurs. On attribue des quotas aux directions régionales, qui les répartissent ensuite en concertation avec les présidents des chambres d’agriculture entre les secteurs; qui, à leur tour, les distribuent entre les sous-secteurs ou communes.

Sékou Coulibaly se dit préoccupé par cette situation qui bloque actuellement la livraison d’engrais subventionnés. Les engrais sont vendus aux paysans à 14 000 francs CFA le sac de 50 kg; bien sûr, de nombreux paysans n’ont pas les moyens d’acheter des engrais non subventionnés. C’est la CMDT, souligne-t-il, qui distribue chaque année les engrais aux producteurs de coton; ceux qui ne cultivent pas le coton ne peuvent en bénéficier. « Les champs de la région de Koutiala sont très avancés grâce à des pluies abondantes cette année. Cependant, ce blocage des engrais subventionnés pourrait retarder la maturation des cultures. Bien que notre pays traverse des moments difficiles, le gouvernement pourrait faire un geste envers les fournisseurs. Des négociations sont en cours et nous espérons qu’un compromis sera trouvé pour le bien-être des paysans ».
On nous indique par ailleurs que ni le président de la chambre d’agriculture, ni les chefs des secteurs de Koutiala et Yorosso n’ont été impliqués dans la distribution dans leurs secteurs respectifs, celle-ci ayant pourtant été effectuée à leur place et en leur nom.

Tidiane Bamadio

Pour en savoir plus :

• La campagne agricole à Mantantali (AMAP)