Le code-barres, pour exister sur les marchés internationaux

C’est un système international de reconnaissance des produits, qui permet les échanges de marchandises. Pour les entreprises maliennes, son absence plombe les efforts de compétitivité.

Vendredi 28 avril, nous sommes dans une station service implantée aux abords du boulevard du Peuple à Bamako. Une voiture s’immobilise au niveau d’une pompe à essence. Le conducteur descend sa vitre laissant s’échapper de la fraîcheur. Il tend six bons d’essence au pompiste. Ce dernier, à l’aide d’un appareil laser, scanne le code-barres du ticket d’essence pour, certainement, évaluer le montant et la quantité de litres d’essence par ticket avant de servir le client.

Outre les bons d’essences, ces écritures cryptées dénommées code-barres sont visibles sur des étiquettes incorporées aux emballages des produits alimentaires, pharmaceutiques, etc. Elles sont reconnaissables à travers une série de barres et d’espaces d’épaisseur variable. À quoi sert un code-barres ou code à barres ? Quel est l’intérêt pour une entreprise d’avoir un code-barres sur ses produits ? Que faut-il pour en avoir sur son produit ? Nous avons tenté d’avoir la réponse à ces questions.

«Le code-barres permet de visualiser des données lisibles grâce à une machine. Ces données sont matérialisées par des barres qui sont la transcription graphique des chiffres. Ce symbole permet la saisie automatique des données à chaque lecture de l’article après le scan», explique la directrice générale de la société Sahel Infusion, Mme Touré Aminatou Abdou Souley. 

En clair, ajoute le directeur général adjoint de l’Agence pour la promotion des exportations du Mali (Apex-Mali), il s’agit de la représentation simplifiée d’une donnée numérique qui sert à donner une identification unique à chaque produit. Puisqu’il fournit des informations sur la date et le lieu de fabrication, Tahirou Kader Cissé précise : «Le code-barres permet à la fois une meilleure gestion des stocks, des inventaires, de la comptabilité ainsi qu’une traçabilité accrue de chaque produit : emplacement, origine et quantité des articles.»

Il explique que l’idée d’un code à barres vient du besoin des entreprises, en vue de faciliter et automatiser les échanges entre partenaires en s’appuyant sur un système d’identification unique. Le code-barres, géré par l’organisme mondial GS1, fait ainsi partie des exigences des marchés européen, canadien, américain. «Sans ces codes-barres, c’est difficile de vendre ses produits sur ces marchés-là», explique le directeur général adjoint de l’Apex-Mali.

«Pour obtenir un code de fabricant, il faut adhérer à GS1 selon un barème qui tient compte de votre chiffre d’affaires. Les trois premiers chiffres des code-barres d’un produit indiquent en fait le code du pays où le produit a été fabriqué. Ils ont leur avantage à la fois dans l’entrepôt et en magasin», indique la chargée de communication de la Société Aminata Konaté (Bara-Muso), Fatimata Sidibé. Selon elle, l’obtention d’un code-barres s’effectue en trois temps : l’inscription pour fournir divers renseignements liés à l’activité, la cotisation de l’entreprise et la délivrance du code-barres.

Lutter contre la contrefaçon

Une exigence dont souffrent nombre d’entreprises maliennes qui, pour la plupart, manquent non seulement de moyens financiers pour s’offrir «ce luxe», mais aussi ne peuvent pas avoir accès à ce service-là. Avoir un code-barres est un parcours du combattant pour nos entreprises, indique la directrice générale de Sahel Infusion, pour la simple raison que notre pays n’est pas enregistré à GS1.

Une difficulté pour l’accès à ce service est de nécessiter un déplacement hors du pays, dont le coût n’est pas à la portée de toutes les petites et moyennes entreprises (PME). «Pour que les produits aient un code à barres, il faut aller soit en France, en Belgique, au Sénégal, au Maroc ou en Côte d’Ivoire», explique celle qui se rend en France chaque année pour la mise à jour des identifiants de ses produits. Pour ce service, elle dit débourser 200 euros, soit 120.000 Fcfa, sans compter le billet aller-retour. Sur son bureau devant elle, les codes-à-barres sont visibles sur des cartons de thé.

Une entreprise qui n’en dispose pas pour l’identification de ses produits est donc limitée dans sa capacité d’écouler ses produits, notamment sur le marché international. Consciente de l’impact négatif de cette situation pour nos entreprises, Apex-Mali avait lancé un appel d’offres à l’intention des consultants et bureaux d’études pour la conception d’un système national de code à barres. «Jusque-là, nous n’avons rien vu», explique Mme Touré.

Effectivement, Apex-Mali a lancé une étude de faisabilité pour la mise en place d’une représentation de GS1 au Mali. «Les consultants qui ont été recrutés, ont élaboré un premier draft. Nous avons formulé des observations visant à consolider le business plan et avoir une base de données solide d’entreprises souhaitant y adhérer», explique le DGA d’Apex-Mali. Il révèle que son agence adressera une correspondance officielle à GS1 afin d’en savoir davantage sur les conditions d’adhésion à cette organisation, dont l’antenne Mali sera pilotée par une entreprise privée. « Avoir ce service ici au Mali sera un gain énorme de temps pour nos entrepreneurs», nous dit Tahirou Kader Cissé.

« Les conditions sont telles qu’il y a des frais d’adhésion, une cotisation annuelle à payer. Il faut aussi que GS1 s’assure que l’intérêt est là», explique-t-il. Cette initiative, si elle venait à se concrétiser, serait salutaire car elle permettra de booster les productions et les recettes des petites et moyennes entreprises (PME).

Le code à barres permet de connaître les statistiques liées à toutes les importations et exportations et de lutter contre la contrefaçon, ajoute la chargée de communication de la Société Aminata Konaté (Bara Muso), spécialisée dans la transformation de produits agricoles qu’elle exporte un peu partout à travers le monde. «Grâce au code-barres nous vendons efficacement, accélérons la visibilité de nos produits, prospectons de nouveaux marchés avec un produit qui répond au besoin de confiance et de transparence des consommateurs et des partenaires», confirme-t-elle, ajoutant que le code à barres permet à un pays de retrouver également une place de choix dans les statistiques mondiales en matière d’exportations.

Fatoumata Sidibe

Ce reportage a été publié par l’Essor, le 3 mai 2023

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