Elle fait partie de celles qui se sont battues pour sensibiliser jeunes et femmes aux enjeux de la nouvelle constitution. Pour elle, « l’équité est prise en compte dans ce projet ».
Teint chocolat, le regard vif et séduisant, la voix imposante, Maye Niaré apparaît, jour après jour, comme le porte-étendard des femmes et associations féminines se mobilisant en faveur de la promotion du projet de Constitution dont l’adoption est soumise à référendum le 18 juin. Teigneuse, convaincante et perspicace, cette dame au commerce facile et agréable va d’un plateau de télévision ou de radio à l’autre pour disséquer le document et les innovations qu’il contient.
C’est cette célébrité des médias, vêtue d’une robe multicolore, un foulard couvrant la tête, un collier en perles autour du cou, qui nous accueille peu avant le vote à son bureau de Quinzambougou, en commune II. Sa motivation, dit-elle : permettre aux Maliennes de l’intérieur et de la diaspora de voter en toute connaissance de cause, en leur expliquant notamment en langues nationales le contenu du projet de constitution.
Maye Niaré s’est imposée cette mission depuis la fin du mandat de la Commission de finalisation de la future Loi fondamentale, dont elle était membre. «Nous avons toujours été emportées et embarquées dans des combats ou visions dont nous ne savions ni les tenants ni les aboutissants. Auparavant, la plupart des femmes ne savaient pas pourquoi elles votaient», déplore la vice-présidente de Rifel’s Mali (un réseau international de femmes leaders) pour justifier le sens de son combat.
Un combat qui vaut la peine d’être mené si l’on sait que le projet de Loi fondamentale crée, selon elle, les conditions de l’épanouissement socioéconomique des femmes. «Ce projet de Constitution a réservé une place de choix à la femme. Elle a pris en compte l’équilibre entre l’homme et la femme, pas en termes d’égalité mais en termes de complémentarité», explique la directrice de l’entreprise de communication Yes groupe.
La constitutionnalisation des droits et préoccupations chères aux femmes est une avancée réelle qui mérite d’être expliquée et contée. Afin de pouvoir en profiter, elles doivent comprendre la portée et les implications de ce qui est soumis à leur appréciation, insiste la titulaire d’un Master en management des médias et d’une maîtrise en marketing et communication. Selon elle, informées et éclairées, les femmes pourront décider en toute connaissance de cause, évitant ainsi de se faire instrumentaliser.
Pour y arriver, «partout où nous sommes passées, j’ai expliqué aux femmes que la constitution a équilibré les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire». Dans le projet de nouvelle constitution, le peuple dispose désormais du pouvoir de dissoudre l’assemblée et de destituer le président de la République s’il est reconnu coupable de haute trahison, argumente celle qui a ouvert sa propre entreprise de communication, après environ 20 ans d’expérience au service d’entreprises de télécommunication.
Experte à la mission d’appui à la Refondation du Mali, elle considère que le projet de constitution est une chance pour le Mali. «Avec toutes les crises multidimensionnelles et leurs conséquences sur notre pays, ce référendum est une opportunité pour nous femmes d’apporter notre voix, notre contribution à la construction de l’édifice qui est le Mali», pense-t-elle.
Assise dernière son ordinateur, Maye Niaré s’empresse de rappeler que la décision de changer de constitution a été prise lors des Assises nationales de la refondation, tenues en décembre 2021. Conformément aux recommandations de ces discussions, le processus de l’élaboration de ce projet de loi fondamentale a été, selon elle, participatif et inclusif. «Nous avons rencontré toutes les parties prenantes et intégré leurs recommandations dans le projet de constitution».
En tout état de cause, La présidente du Feso interpelle : «Le vote est un droit et un devoir citoyen notamment pour les femmes. Il est une opportunité presque unique d’apporter sa voix et sa pierre à la construction de l’édifice national. Donc, il est nécessaire de voter quelle que soit son opinion ou sa position.»
Fatoumata M. SIDIBE
Pour en savoir plus
- Référendum, quid du rôle des femmes ? Une émission de Studio Tamani

