Six ans après le décès du professeur Ogobara Doumbo , mondialement connu pour ses travaux sur le paludisme, la relève est-elle assurée ?
La question de son héritage scientifique et intellectuel aurait pu légitimement se poser si la relève n’avait été assurée à la tête de son « bébé », le Centre de recherche et de formation sur le paludisme appelé Malaria Research and Training Centre (MRTC), par un de ses plus brillants élèves, le Pr. Abdoulaye Djimdé.
Chercheur de renommée mondiale, notamment dans le domaine de la lutte contre le paludisme, Ogobara Doumbo s’est imposé dans le monde de la recherche en santé par son intelligence, sa rigueur et aussi son entregent qui lui ont permis d’inaugurer en 1992 à Bamako, le Malaria Research and Training Centre (MRTC) et d’en faire une référence incontournable sur le continent chaque fois qu’est évoquée la question d’un potentiel vaccin contre le paludisme.


Dirigé aujourd’hui par l’un ses disciples, le Pr. Abdoulaye Djimdé, le MRTC s’est maintenu à la pointe de la recherche comme l’aurait voulu son fondateur. « Le flambeau est tenu haut après le décès dOgobara, et malgré la crise sociopolitique », assure le Pr. Djimdé. Scientifique de haut vol, lui aussi, il est engagé dans plusieurs collaborations au sein du Médical Research Council Center for Genomics and Global Health, notamment MalariaGEN et le Plasmodium Diversity Network Africa (PDNA). Inutile de traduire ces dénominations qui, même en anglais, indiquent clairement que le paludisme reste le cœur de cible de l’institution comme le confirme Abdoulaye Djimdé : « Aujourd’hui, notre centre est une référence pour lutter efficacement contre le paludisme en stricte collaboration avec l’État ».
Aussi modeste que son prédécesseur, Abdoulaye Djimdé ne se présentera jamais ainsi mais il est sans conteste, aujourd’hui, l’un des plus brillants scientifiques du continent pour s’être notamment distingué en étant le premier Africain lauréat du prix de la Société Américaine de Médecine Tropicale et de l’hygiène (ASTMH) pour ses recherches et leur impact dans le monde. Son aura renforce donc la réputation du Centre de recherche et de formation sur le paludisme qui attire plus de 400 chercheurs de par le monde.
Le professeur Djimdé qui est aussi le coordinateur du Réseau ouest-africain pour les essais cliniques de médicaments antipaludiques, constate que des vaccins développés donnent de bons résultats en laboratoire. Mais aussi des nouveaux médicaments vaccins contre le paludisme.
Il faut rappeler que le paludisme constitue un problème de santé publique majeur. Au Mali, c’est le premier motif de consultation dans les structures de santé avec 34 % du total, a établi le Système Local d’information Sanitaire (SLIS 2021). Les statistiques détaillent 3. 204.275 cas confirmés de paludisme, parmi lesquels 2. 156. 330 cas simples et 1.047. 945 cas graves avec malheureusement 1.480 décès. Au plan économique, le paludisme affecte la croissance annuelle de notre pays d’environ 1,3 %.
Ces chiffres expliquent pourquoi le Mali figure dans le top 10 mondial pour les cas de paludisme et les décès causés par la maladie : 3 % des cas et des décès dans le monde en 2021, et 3,1 % des décès dans le monde en 2020. Le Mali représente 6 % des cas de paludisme en Afrique de l’Ouest. Entre 2017 et 2020, le nombre de cas a chuté de 7,6 %, passant de 387 à 357 pour 1 000 habitants à risque, tandis que le nombre de décès augmentait de 22 %, passant de 0,78 à 0,95 pour 1 000 habitants à risque.
Tidiane Bamadio

Cet article a été publié dans le journal Le Hogon du 3 avril 2023
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