Rentrée littéraire 2023 : de nouvelles ambitions

Du 21 au 25 février 2023, Bamako accueille la 15ème édition de la Rentrée littéraire, principal festival littéraire au Mali. Sous le thème « Décloisonner l’Afrique », c’est un ambitieux programme qui souhaite notamment favoriser la circulation des auteurs et des œuvres en Afrique.

Deux actions en particulier vont marquer l’évènement 2023, souligne Ibrahima Aya, directeur du festival, en introduction de la conférence de presse organisée ce 15 février à la Pirogue, un lieu culturel et de restauration sis à l’ACI 2000.

C’est d’abord l’organisation du 1er Forum des manifestations littéraires (21 & 22 février). Il s’agit ici de se connaitre entre festivals africains et de débattre des moyens de renforcer la collaboration d’un pays à l’autre pour assurer la mobilité des auteurs.  Dans le même esprit, sont invités à Bamako quelques lauréats de prix littéraires africains qui, en général, ne bénéficient pas de notoriété en dehors de leur pays, alors qu’ils existent et favorisent l’adhésion des publics nationaux à la littérature.

Le thème central, « décloisonner l’Afrique », a une signification à la fois territoriale et l’linguistique. Pour Ibrahima Aya, il s’agit de savoir ce que nous pouvons faire pour améliorer la circulation des auteurs et de leurs œuvres sur notre continent… « En Afrique nous vivons avec des cloisons : territoires, langues et d’autres frontières encore. Mais il est possible de faire de ces frontières des lieux de partage et de rencontres. C’est possible avec la littérature. Nous allons beaucoup parler de ces frontières et de leur origine. Nous interroger : comment on peut les déconstruire ? Comment échanger, partager nos expériences et raconter nos récits, au-delà de ce qui nous sépare ? »

De la sorte, et c’est un effort audacieux en ces temps de crise, un nombre significatif d’écrivains venus des différentes sphères linguistiques du continent sont au rendre vous. On pourra les entendre à travers les cafés littéraires et autres tables rondes, grâce aussi à la lecture à haute voix de leurs œuvres. Des dédicaces sont organisés avec les écoles, comme le fait depuis des années la Rentrée. A quoi il faut ajouter les spectacles, de théâtre ou de musique, et la soirée de remise des prix littéraires 2023 : prix Ahmed Baba, Massa Makan Diabaté, Moussa Sow, ainsi que le prix Union européenne du premier roman.

Des associations culturelles en formation

S’il reconnaît l’absence cette année d’événements en région, notamment en raison du contexte malien, Ibrahima Aya indique qu’il est prévu de donner beaucoup plus éclat aux manifestations dans les régions en 2024. Et ce saut qualitatif sera préparé cette année-ci : la Rentrée, avec le soutien de l’Union européenne, monte un partenariat avec des associations culturelles de l’intérieur qui bénéficient en 2023 d’une formation à l’occasion de la Rentrée. Leurs membres vont se former en appuyant l’organisation de l’édition, et en bénéficiant d’ateliers et du contact avec de nombreux acteurs présents. On apprend ainsi que les visites des auteurs dans les écoles sont prises en charge par le Club Acte 7, un des bénéficiaires de ce partenariat qui vise à renforcer les compétences.

Thierry Perret, représentant du comité international de la Rentrée, rappellera de son côté que l’originalité de la Rentrée littéraire est d’avoir constitué depuis plusieurs années un espace de réflexion et d’échanges permettant de préparer chaque édition avec des gens de tous les continents. Pour cette année, considère-t-il, le thème est ambitieux et répond à une idée murement réfléchie. Il ajoute qu’il est positif de chercher à recentrer la scène littéraire en Afrique, alors qu’elle demeure cloisonnée et écartelée par les grands flux nord-sud qui suivent des logiques linguistiques.

Birama Diarra, directeur de la Bibliothèque nationale, représentant du ministre de la Culture, témoigne que la Rentrée s’est imposée comme un évènement majeur dans l’agenda culturel du Mali.  Et de souligner la « résilience » de ses organisateurs, qui ont persévéré depuis déjà une décennie dans une situation difficile. C’est notamment dû, rappelle M. Aya, à la fidélité de partenaires qui ont maintenu leur foi en l’événement : aux côtés du ministère de tutelle, l’Union européenne, la BNDA, Moov Afrique ou l’Institut français du Mali, pour citer ceux qui étaient présents ce jour.

Bintou COULIBALY

Laisser un commentaire