Auto-école : un secteur à encadrer

De nos jours, les auto-écoles sont nombreuses à travers la ville de Bamako. Pourtant, certaines ne répondent pas aux normes et la qualité de formation n’est pas à hauteur de souhait. Dans la recherche d’un permis de conduire, beaucoup de personnes tombent sur ces auto-écoles non professionnelles.

Nématou Sangaré fait partie des victimes d’un secteur marqué par l’anarchie, celui des auto-écoles. La jeune journaliste s’inscrit un jour chez un de ces prestataires qui pullulent à Bamako, et aussitôt déchante : trois formateurs servent dans cette entreprise, dont l’un s’occupe des cours théoriques, le second pour la pratique, et le troisième apprend aux inscrits à faire un créneau. « Le premier était bien, le second passable… mais le troisième, je me suis demandé s’il était normal. On ne pouvait même pas lui poser de questions. Je me rappelle bien, après une dispute avec lui, comment il m’a obligée à quitter le lieu ! Or, la formation coûtait 100 000 F CFA, et j’avais déjà payé 50 000. » Bref, elle comprend très vite que ce n’est pas eux qui l’amèneront à l’Office National du Transport pour l’obtention du permis.

Des récits comme celui de Nématou, on peut en récolter des dizaines. Pour essayer de comprendre ce qui ne va pas, nous nous rendons dans un établissement qui, lui, a pignon sur rue. L’auto-école K.* fait partie des agences de formation les plus sollicitées à Bamako. Créée en 1993, cette entreprise sise à Badalabougou a formé des milliers de personnes. On rappelle ici que la formation à la conduite se passe en deux phases, la théorie et la pratique, à quoi ajouter l’apprentissage de quelques techniques pour s’arrêter facilement et repartir ou procéder aux vérifications quotidiennes d’entretien. A l’auto-école K., le candidat a droit à un minimum de 5 h de pratique durant ses deux semaines de formation. La formation coûte 111 790 F CFA pour les Poids légers, 142 465 pour les Poids lourds. Pour ceux qui savent déjà conduire, le Poids léger fait 60 000 et le Poids lourd 70 000 francs. On peut aussi y préparer le permis en commun, qui permet aux conducteurs d’assurer le transport des personnes, et bien sûr le permis moto.

C’est l’administration qui organise l’examen, les auto-écoles sont là pour présenter les candidats devant les inspecteurs de permis,  précise Amayé Gindo, formateur chez ce prestataire. Selon M. Guindo, au Mali passer par une auto-école n’est pas obligatoire. Raison pour laquelle il n’y a pas de régulation, ce qui permet à n’importe qui d’exercer n’importe comment.

Il faudrait, précise ce professionnel, exiger qu’aucun candidat ne puisse se présenter devant l’autorité compétente pour demander le permis de conduire sans être passé par une auto-école. «  Aujourd’hui, je peux me lever et me présenter à l’ONT. On demande juste mes dossiers, je les donne, je paye et c’est tout. On ne demande même pas si j’ai fait une formation ! Mais si on essaye de « barrer » ces choses, on peut cadrer. Dans ce cas, on pourrait dire que telle auto-école n’a pas l’habilitation pour former. Les gens vont passer par des auto-écoles qui ont l’habilitation, ils auront les connaissances nécessaires pour exploiter l’environnement routier, qui est précieux pour nous surtout dans le cas du Mali : c’est la route qui nous nourrit », souligne-t-il.

Entre sociétés agréées et les autres…

Pour créer une auto-école, il faut en théorie avoir un agrément auprès du ministère en charge des transports. Mais il y a tous ceux qui n’ont pas d’agrément et exercent le métier sans être aux normes. De nos jours, il y a 69 auto-écoles, dont 35 à Bamako, précise Youssouf Sidibé de l’Association des promoteurs d’auto-écoles. Six d’entre elles ont été fermées, à cause d’une prolifération anarchique. « Un gros commerçant peut acheter 2 ou 3 voitures, recruter un taximan et créer une auto-école », laisse-t-il entendre. Quant aux formateurs des auto-écoles, ils sont normalement formés par un département du ministère des transports à la zone industrielle de Bamako. Mais ce secteur a besoin d’être assaini.

D’après M. Sidibé, lors d’une réunion avec l’ancien ministre, l’association a demandé la fermeture de toutes les auto-écoles non agréées. Une délégation a ensuite visité ces centres de formation afin de vérifier les établissements aux normes et de procéder à la fermeture des autres. « Après la visite, nous avons appris que 18 dossiers avaient été égarés au ministère, pour manque de certaines pièces ! Dieu merci, tous ces dossiers ont finalement été constitués et déposés. C’est en bonne voie. », assure-t-il.

Attention, pourtant, à bien négocier ce virage…

Assan TRAORE

*Le nom a été masqué, pas de publicité indirecte !

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